La baisse du prix du pétrole impacte-t-elle le tarif de vos billets d’avion ?
|Tributaire du pétrole, le transport aérien n’en est pas moins un secteur à part car le prix de vos billets reste peu impacté par ses variations diverses et variées. Couvertures d’assurance, marché en dollars, indépendance des compagnies… Algofly tente d’en comprendre les raisons.
De nombreux secteurs de notre économie sont impactés par les fluctuations sporadiques du cours de l’or noir ! En cas de fléchissement, les consommateurs espèrent toujours en avoir leurs portefeuilles allégés. Seulement, la baisse chronique du prix du baril – à son niveau le plus bas depuis 2004 – peine à se faire ressentir dans un secteur : le transport aérien. Explications.
Un secteur ultra-dépendant
Le kérosène étant le seul combustible pouvant faire voler un avion, le transit aérien reste un secteur à la merci des oscillations du cours du baril. La facture carburant constitue un coût variable difficile à appréhender pour les compagnies. En 2010, elle représentait en moyenne 35 % des dépenses globales – avec un tel poids, ce n’est pas un hasard si les cotations boursières des compagnies fluctuent en fonction du cours du pétrole ! – alors que fin 2015, elle ne représentait plus que 15 % des dépenses suite à la dévalorisation de 65 % du prix du baril depuis l’été 2014. Ce ploiement devait, pour tout esprit sensé, rimer avec la chute du prix moyen des billets d’avion et naturellement conduire à ces hypothèses :
- Prix du baril faible = baisse des coûts d’exploitation = diminution prix billets
- Prix du baril fort = hausse des coûts d’exploitation = augmentation prix billets
La réalité se révèle bien plus obscure et hermétique qu’énoncée ! Un calcul rapide nous amène à avancer qu’au vu du prix du pétrole en 2015, les billets auraient dû fléchir de 9 à 12 % par rapport à 2014 alors que toutes les sources s’accordent pour dire que la baisse globale n’a avoisiné que 3 %. Pourquoi ?
Un impact limité
Plusieurs raisons auxiliaires expliquent l’impact limité du prix du pétrole sur vos billets d’avion :
Les couvertures d’assurance
Pour se protéger de la volatilité des coûts du pétrole, les compagnies se fournissent en carburant plusieurs trimestres à l’avance et se couvrent avec des systèmes d’assurances. Procédés des plus efficaces quand les prix augmentent mais beaucoup moins avantageux quand ils diminuent. Ce qui explique pourquoi de nombreuses compagnies ont mis un moment avant de profiter de cette aubaine et de facto d’en faire profiter les passagers.
L’achat du pétrole en dollars
Le dollar est la monnaie de référence d’achat du pétrole. En cas de dévaluation de l’euro, les compagnies aériennes européennes payent les pots cassés. Schématiquement, un euro faible face au dollar augmente les dépenses carburants des compagnies européennes ; et inversement. Les bénéfices engendrés par la chute du cours du pétrole se compensent alors en partie avec la dépréciation actuelle de l’euro.
L’indépendance des compagnies
Mais ne nous mentons pas, une baisse croissante du prix du pétrole profitent indéniablement aux compagnies. Ces périodes de sérénité soudaine leur permettent de se renflouer au dépend des consommateurs puisqu’elles et elles seules ont le pouvoir de baisser ou non les tarifs. Prenons l’exemple d’Air France-KLM qui, après plusieurs années cauchemardesques, a enregistré lors du troisième trimestre de l’année 2015 son plus gros bénéfice d’exploitation depuis 2004 : 900 millions d’euros. Le consommateur attend toujours d’en entrevoir un effet marquant sur ses billets…
Avec les couvertures et la dévaluation de l’euro, les compagnies ont eu des raisons valables expliquant la non-répercussion du prix du pétrole sur les billets. Mais aujourd’hui, elles ne la justifient plus.
Opportunités futures
Tout n’est pas perdu pour nous consommateurs ! Il existe au moins deux opportunités d’apercevoir dans un futur proche une baisse notable du prix des billets d’avion :
Surcharge carburant
Pour pallier la hausse du prix du pétrole, l’ensemble des compagnies aériennes membres de l’IATA (Association Internationale des Transporteurs Aériens) ont créé la surcharge carburant. Cette taxe, pouvant monter jusqu’à 300 euros par billet, se légitime en cas d’escalade ou de stagnation à un niveau élevé du prix du baril mais beaucoup moins quand il se trouve au plus bas. L’effondrement actuel du cours ne semble pas alerter les compagnies qui continuent à la pratiquer. Il y a bien des mystères insolubles… Toutefois, le sujet catalyse les réactions et de nombreuses actions collectives commencent à se lancer ; la surcharge carburant pourrait dès lors tendre à diminuer, entraînant une chute du prix des billets.
Marché concurrentiel
La fixation du prix des billets d’avions ne relève pas que du bon vouloir des compagnies ou de la baisse du cours du baril. Dépendante de l’offre et de la demande, il existe une forte disparité entre certaines destinations. Des lignes, desservies par diverses compagnies, stimulent la concurrence et mène à une diminution du prix moyen ; tandis que d’autres peu desservies – ou peu demandées – demeurent plus onéreuses pour les passagers. L’arrivée massive des compagnies low-cost a et aura, malgré toutes les critiques qu’elles subissent, un véritable effet positif sur les prix de certaines lignes. La concurrence ne peut qu’être bénéfique pour le portefeuille des passagers, c’est un secret de polichinelle.
Vous l’aurez compris, la baisse du cours du pétrole n’impacte que légèrement le prix de vos billets d’avion. On peut penser que dans une situation inverse, où le cours exploserait, les consommateurs ne mettraient guère longtemps à en ressentir les méfaits financiers – deux poids deux mesures. Néanmoins des espoirs subsistent avec la flopée de compagnies low-cost assiégeant le marché qui favorisent et garantissent des tarifs abordables.